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« AMOUGIES » SOUNDTRACK (1970)


En octobre1969, deux mois après Woodstock, la France organisait son premier festival pop. Autant dire son premier grand rassemblement hippie, avec cheveux longs et insignes de la paix. Au programme, rien de moins que le Pink Floyd, Frank Zappa, Ten Years After, The Nice, Yes, The Pretty Things. Mais aussi : l’Art Ensemble of Chicago, Anthony Braxton, Archie Shepp, Sunny Murray, Steve Lacy et la crème du free-jazz et de la new thing. Soit un grand mariage de la pop et du jazz comme on n’en avait jamais vu, et comme on n’en verra plus. En sus, il y eut du blues anglais, de la musique contemporaine et du rock progressif. Le clou du festival fut le moment où Zappa se joignit au Floyd pour les accompagner sur quelques titres. Le festival eut lieu du 24 au 28 octobre dans le village belge d’Amougies, près de la frontière française. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Raymond Marcellin, jugea que cette réunion de chevelus - qui devait initialement se dérouler au parc de Saint-Cloud, puis sur la pelouse de Reuilly vers Vincennes - était tout bonnement indésirable sur le territoire français (le défilé du 1er mai fut également interdit). Il faisait froid, il pleuvait.   Les concerts se sont déroulés sous un grand chapiteau de 6 000 m2 capable d’accueillir 12 000 personnes. Et tous ceux qui y étaient, près de 20 000 personnes, en gardent un souvenir formidable. 





« Organisé par Actuel et les disques Byg de Jean Georgakarakos, le festival d’Amougies fut une longue fête de cinq jours, rassemblant plusieurs milliers de personnes sans pépin majeur. Un événement emblématique de l’esprit de l’époque. «Il y avait une envie d’exploration, de brassage. Les gens n’hésitaient pas à se remettre en question» se souvient le réalisateur Jérôme Laperrousaz, venu filmer le festival avec Jean-Noël Roy. Deux films («Amougies Music Power» et «European Music Revolution») furent réalisés et présentés brièvement à Paris au printemps 1970, avant d’être retirés définitivement de l’affiche suite à une plainte du Pink Floyd : Jean Georgakarakos avait prétendu avoir négocier les droits avec tous les musiciens présents, or il n’en était rien … Le maître de cérémonie était Pierre Lattès, ex-présentateur de Bouton rouge, la toute première émission sur le rock à la télé française. Frank Zappa devait le seconder, mais sa maîtrise très relative du français (le public était essentiellement francophone) l’amena à tenir un rôle plus excitant: fil rouge des cinq jours de concert, en s’invitant sur scène avec une dizaine de groupes, de pop ou de jazz. Le sax ténor Archie Shepp joua avec lui un soir, en compagnie du batteur Philly Jo Jones et Grachan Moncur ! «A l’époque, j’étais plus connu que Frank, s’amuse Shepp. (…) 

A l’époque, on écoutait de tout. Jazz, pop, peu importait. Et à Amougies on pouvait enjamber les barrières pour aller discuter avec les musiciens »

« 40 bougies pour Amougies », 25 October 2009, Libération Website

Interviewer: « Deux films ont été tournés au cours de ce festival, et vous les avez interdits. Pourquoi ? »

Gilmour: « On n’aimait pas le son. Avant le ^festival, on a dit aux gens que s’ils faisaient un bon enregistrement, et nous le mixage, ce serait d’accord. On a vu le film, c’était pas mal. Mais on a entendu la musique. Ça faisait « Bzzz ... » tout le temps. Ils ont mis un seul micro devant l’ampli des voix »

Interviewer: « Quel en est le dénouement ? »

Gilmour: «Je ne sais pas. Ils ont dû arrêter de passer notre séquence et notre musique. Pour nous, il faut un minimum de huit pistes».

« Les Pink Floyd en studio », PopMusic Superhebdo, April 1972


Jean-Jacques Birgé (réalisateur)

« Nous n’avions pas encore entendu parler de Woodstock, puisque le film ne sortirait que plusieurs mois plus tard. Nous sommes plutôt arrivés avec en tête les images de Monterey Pop qui venait de sortir en France [long métrage de Pennebaker sur le festival californien, du 16 au 18 juin1967, avec Jimi Hendrix, les Who, Grateful Dead, Ravi Shankar, etc. ».